Saloperie d'Alcool... II
J’en reviens à ma petite sœur, Marie-Jeanne……. Prénom trop parlant… Prénom né de l’association des prénoms de mes grands-mères… Quel lourd héritage, pour une enfant, pour sa vie… Toute sa vie avec le passé lourd des aïeules…
Marie… Prénom de mon arrière grand-mère paternelle, née en 1884, veuve de la grande guerre avec 4 enfants… Décédée en 1980 ….
Marie… Prénom de ma grand-mère paternelle, soumise à un mari volage…
Jeanne… Prénom de ma grand-mère maternelle, abandonnée par sa mère, placée…
Marie… Jeanne… Consonances religieuse et historique…
Marie Jeanne… marijuana…
Toute sa vie se trouve résumée dans les mots écrits là, sur mes grands-mères… TOUT….
Notre vie est un
Si seulement j’avais pu, ne serait-ce qu’un tout petit peu, pressentir ce qu’allait devenir ta vie…
De tout temps, comme savent très bien faire les enfants, elle a su analyser et utiliser les manques et faiblesses des adultes qui l’entouraient… Manipuler son père, sa mère, ses sœurs…un jeu d’enfant, surtout quand les parents sont faible pour mon père et soumise pour ma mère…
Maintenant, quand je réfléchis, avec le recul, je me rends compte combien d’appels au secours elle a envoyé…mais AUCUN n’a trouvé une bouée, un bras ou une main…Même pas mes parents… Ma mère a fait ce qu’elle a pu, avec ses non-moyens…(contrat de mariage oblige…)… Mon père, coureur de jupon, préférait faire sa vie…Lui au moins, il aura jouit dans tous les sens de ce verbe…
La roue tourne…
Rester vigilant sur sa conduite de vie est un grand bien…
Ma devise : Rester droite dans ses bottes… Et là, hélas, ma jeune sœur n’a pas su garder une ligne de conduite ….
Jusqu’au collège, elle a tenu, à peu près le cap… Mariant allégrement mensonges et violences – enfantines, encore – ma mère tenait bon, elle s’occupait en même temps et de ma petite sœur MJ, et de mon petit neveu… (le fils de ma sœur Marie Pierre, de 14 mois ma cadette).
Mais le feu couvait, je m’en suis aperçue assez tôt… Le style de certains copains-copines, les notes au collège, sa fréquentation des cafés… 14 ans !!! Et mon père, l’irresponsable de service, le père absent, le faible qui l’accompagnait jusqu’au bistrot…
_Faut bien qu’elle voit ses copains… elle boit du café _ !!!
Ouais, du café, mais bien sur… Et elle fume les cigarettes en chocolat, aussi… J’ai alerté ma mère, mais la violence de ma petite sœur l’effrayait…. Je l’ai appris il y a peu… Et la dérive s’est poursuivie…
Inexorablement, la crainte de ma mère, sa soumission envers ceux et celles qui crient fort… Histoire familiale douloureuse… Blessures de la petite enfance… Mariage plus ou moins imposé… Bref, tout un cocktail explosif, qui s’est nommé Marie-Jeanne…Et par héritage interrelationnel, ma petite sœur a été programmée pour exploser La sacro - sainte famille !
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En 1989, mes deux filles étaient nées et nous habitions notre jolie maison depuis peu, M-J a 16 ans… Je me suis rendue compte, depuis environs 2 ans, que certains week-end, elle est très câline avec mes filles (âgées de 4 et 3 ans) et cela m’étonne, compte tenu du caractère de cette adolescente qu’est devenue ma sœur… Parfois, avec nous, le dimanche, elle accepte un petit apéritif… Ma mère se repose complètement sur moi… C’est moi qui participe aux réunions de classe du collège, mon père s’en fout et ma mère est dépassée…
Les profs, que je connais bien, me disent :
_tu es trop sévère, Marie Jeanne est une bonne élève…_
Bonne élève, oui, mais les notes dégringolent, l’assiduité est, zou, envolée dans la nature, et les absences-bidons, cautionnées par les mots d’excuses de ma mère me laissent dubitative… C’est avec nous que Marie Jeanne part en vacances… Parfois, elle reste à la maison quelques semaines… Bref, en d’autres termes, je suis sa mère sans procuration, ni par alternance…
J’ai l’impression qu’avec nous, elle est bien. Je la gâte comme mes filles… Je l’aime fort…
Aujourd’hui, au moment où j’écris ces mots, des images naissent de ces souvenirs, et des questions douloureuses résonnent à mes pensées… Et si _ce doute_ est présent en moi… Malheureuse Destinée……..
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En ce 20 janvier 1989 ; date anniversaire de mon ex-mari, nous avons invités un couple d’amis et leur fils, âgé de 18 ans, parrain de mon aînée…
Ma sœur passe nous voir en fin de matinée, en larmes… Elle arrive, à pied, ayant parcouru une huitaine de kilomètres… Elle a froid, ses yeux sont rouges, Elle bafouille, pleure à chaudes larmes… Elle a l’air épuisé et semble affamée… Ses traits sont tirés… Ses yeux brillent…
Je m’interroge sur sa présence à la maison…
Elle arrive du marché, où, certains samedis, elle donne un coup de main à notre sœur Marie Pierre, qui vend des vêtements, avec son mari et sa belle-sœur…
Elle me raconte qu’elle a du tenir le banc toute seule (ce qui m’étonne, connaissant le professionnalisme de ma sœur M.P), qu’elle n’a pas déjeuné, et qu’elle n’a pas été payé…
Bon, ce n’est pas grave, ta paye sera double la semaine prochaine…
M.J me raconte, ensuite, qu’elles se sont fâchées, ma mère et elle… Pour apaiser les esprits, je téléphone à ma mère, lui disant que, ce soir «Jeannette », c’est son petit nom, resterait avec nous… Ma mère est soulagée de la savoir chez nous… Il fait très froid, les températures frisent les -15°C et la savoir dehors angoisse ma mère… Sale gosse…
Je ne me rends pas compte, ce jour-là, de la confusion de ses propos, de ses yeux trop rougis, de son attitude limite provocante… Je n’entends pas ses mensonges, ses histoires à dormir debout !!! Je gobe tout… Tout ce qu’elle dit est parole d’évangile…….. Aïe aïe aïe !!!
J’adore ma petite sœur, je l’aime autant que mes filles… Sa jeunesse a été tiraillé entre un père et sa maîtresse et ma mère et nous ; ses deux sœurs…
M.J sevrée d’amour trop tôt…..
Non, je ne me rends compte de rien… Naïve Bernadette !!!…
J’ai mes soucis, mon mari, mes petites filles et mon travail…
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Une fondue savoyarde est prévue, ce soir là… Mes filles adorent, et puis c’est rigolo de tremper son pain dans le fromage fondu… Nos amis arrivent vers 19 heures, après un apéritif léger et les cadeaux, nous passons tous à table… Une bouteille de vin blanc Savoyard accompagne ce repas, du champagne avec le gâteau… Somme toute, pas d’abus…
Jeannette boit un peu de porto, un demi verre de vin blanc (mon ex a insisté…), et au milieu du repas, elle sort de table, direction toilettes… Quoi de PLUS NORMAL … ?
Elle revient, et nous passons au dessert… La soirée est sympathique… J’aime recevoir dans cette ambiance, où rien n’égratigne personne…
Vers minuit, nos amis veulent rentrer et proposent de ramener M.J chez ma mère…
Je réagis rapidement, et suis assez surprise d’entendre que c’est Jeannette qui leur a demandé… JE refuse donc, en expliquant qu’elle dort chez nous…
M.J se met à bouder, sans parler… Voyant cela, le fils de nos amis propose de rester un peu et si M.J veut, il la raccompagnera…
Connaissant ma sœur, je téléphone à ma mère, la prévenant que MJ rentre dormir…
Elle sait si bien, M.J., jouer sur les deux tableaux…
Je vous avoue, qu’encore aujourd’hui, je me demande ce que j’ai zappé de cette journée du 20 janvier 1989 ……
La raccompagner ? Pourquoi ? Puisqu’elle dort chez nous… Une discussion s’engage… Discussion qui va vite dégénérer en dispute verbale puis…
Je sens que mon (ex) mari s’agite… Ma sœur bafouille qu’elle a retéléphoné à notre mère et que ce soir, elle dort chez maman… Ce à quoi je rétorque, ne sachant plus très bien où elle couchait :
_Et bien, soit, je téléphone tout de suite à maman… Nous verrons ce qu’elle dit !_
Là, mon mari, qui a bu un peu plus que de coutume, rentre dans une colère… brrrrrr….. J’en ai encore des frissons… Faut dire que cette histoire dure depuis minuit, qu’il est 1.30 heure et que j’aimerais aller me coucher….. Les filles dorment sagement…
Mon ex-mari attrape M.J par un bras, et la bouscule en direction de l’étage, où sont les chambres…
La montée est violente, elle se rebiffe, pleure… Il l’enferme - pas à clé- dans la chambre, redescend et donne, dans le poteau de l’escalier un coup de poing, qui doit encore y être…
J’ai très peur, je ne bronche jamais dans ses cas là… Au bout d’une petite heure, il monte voir M.J…
Il redescend, il est livide… Mon cœur s’emballe quand il prononce :
_Elle n’est plus là-haut !_
Nous montons tous, affolés… Tout est correct… Où est-elle passée ?
Après maintes recherches dans la maison et dehors, j’ai l’idée d’ouvrir les volets du salon… Notre maison à 3 niveaux, un garage semi-enterré, et, deux niveaux au-dessus… Le dernier étage étant celui des chambres… Le plus haut… 8 mètres du faîtage au sol…
En regardant par la fenêtre ouverte du salon, je m’aperçois, que, dans la rocaille, quelque chose est « bizarre »….
Sans rien dire, pour le moment, je remonte dans la chambre…
La mise en scène me saute aux yeux très vite…
La fenêtre de sa chambre est repoussée, ainsi que les volets pour nous donner l’impression d’être fermés…
Jeannette a sauté par la fenêtre… Il fait -15°C, elle est en culotte et T-shirt, pieds nus…….. Ce sont ses pas que j’ai vu, du salon, dans la rocaille…
8 mètres……… Elle a sauté de cette hauteur…….
Complètement affolée, je prends la décision d’appeler ma mère… Où EST Jeannette… ?
Là, la réponse de ma mère me sied……….
Tranquillement, ma mère me répond :
« Ta sœur dors depuis longtemps dans son lit ! »…….
Ma colère est grande, en moi …
Ma sœur a sauté par la fenêtre, au risque de se tuer…
Ma sœur est à moitié nue, dans ce janvier glacial, elle est –soit disant- rentrée en stop chez ma mère… et, elle dort !!!!!!!!!!!
Le lendemain, les explications ne sont pas satisfaisantes… Ce qui me reste en souvenirs :
Une jeune fille perdue,
Perdue dans sa vie, dans ses mensonges, dans ses fréquentations….
Des parents encore plus perdus……et moi, là, impuissante !!!
Ma jeune sœur qui rit, vit, voit la vie facile…
Ma petite sœur, qui va, dès ses 18 ans, fréquenter l’enfer !!! Et en disant, ce mot, ENFER, je le trouve, aujourd’hui, DOUX quand je pense à ce qu’elle a subit….
A partir de ce geste, ce week end là, ma sœur a lentement mais surement dérivé, sans aucun bras parental pour empêcher sa dérive….
Alcool, tabac, joints…….. Crescendo…….. Drogue, prostitution, maquereaux, galères inimaginables…
Aujourd’hui, elle vient d’avoir 36 ans le 3 janvier…
L’alcool la maintient en la tuant à petits feux…
Elle ne peut plus marcher,
Elle ne peut plus écrire,
Elle ne peut plus rien faire…
Ah, SI…
J’oubliais…
Elle peut BOIRE … et …. PLEURER …
Je l’écoute quand elle téléphone, sans LA JUGER…
Et … Je pleure en silence impuissante…
Merci de m’avoir lue…
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